Myco...
Je m'ennuie toujours autant. Ma petite sortie de dimanche ne m'a rien laissé voir d'intéressant. Des tricholomes de la Saint-Georges à l'agonie et c'est à peu près tout. On a juste dérangé une famille de rapaces qui était assoupie dans un arbre près de nous. Dommage qu'ils se soient enfuis avant qu'on ait eu le temps d'armer l'appareil photo et les immortaliser. On ne s'attendait pas à ce qu'ils soient là.
Le moins drôle, c'était l'agressivité d'une multitude de moustiques. Moi qui suis généralement épargnée par les piqûres de ces bébêtes, j'ai eu ma dose. Ils piquent même à travers les T-shirts. La prochaine fois, je me tartinerai copieusement de répulsif.
Donc, je disais, comme je n'ai pas grand-chose à raconter, je parle un peu pour ne rien dire. Mais on peut peut-être évoquer les différents personnages qui gravitent autour des champignons.
Je vais commencer par le MYCOphobe car il ne demande pas beaucoup d'explications. C'est celui qui déteste ou qui a la trouille des champignons (si, il y en a). Dommage qu'il n'y en ait pas plus, ça limiterait la concurrence sur nos places à cèpes ou à girolles. Comme vous l'aurez compris, on ne rencontrera pas souvent ce personnage, à moins qu'il ait décidé de vaincre sa phobie. Je vous rassure, on ne réussit pas toujours. J'ai bien la phobie des araignées et chez moi, c'est devenu incurable malgré mes tentatives d'en venir à bout. Notre MYCOphobe a peu de chance de devenir MYCOphage.
Hein, c'est quoi ça le MYCOphage ? C'est celui qui mange les champignons. C'est vrai qu'on l'est tous un peu, mais certains le sont plus que d'autres. Le MYCOphage ira au bois pour ne s'intéresser qu'aux champignons comestibles. Dans le cas contraire, il ne cherche pas à connaître les champignons. Dans notre jargon, on l'appelle aussi "casseroleur". C'est sans doute le personnage le plus dangereux. D'abord pour lui-même car comme il ne s'intéresse qu'aux comestibles, il ne connaît pas ou peu les autres. Il ne s'y intéresse pas et risque donc de faire des confusions grossières et mettre sa vie en péril en mangeant une poêlée d'amanites phalloïdes. Ensuite, il est dangereux pour les autres chercheurs de champignons car il pratique une concurrence redoutable (voire déloyale) dans les bois. Là où il passe, le champignon ne repousse plus. Il est également dangereux pour la station de champignons car il cueille tout tout tout, jusqu'à la dernière miette, sans se soucier qu'il met en péril la survie de la station.
Mais heureusement, on arrive parfois à soigner la MYCOphagie. Reconnaissons-le, nous sommes tous passés par cette phase de MYCOphagie à nos débuts. On courait les bois dans le but de ramasser des tonnes de girolles, on croyait même que c'était facile et on ne regardait pas trop les autres champignons. Mais lorsque l'on prend conscience que sur 20 espèces que l'on rencontre, on peut s'estimer heureux de trouver une espèce comestible, on finit par changer un peu. C'est surtout une occupation de l'esprit, pour ne pas se sentir frustré de ne pas trouver autant de champignons comestibles qu'on le voudrait.
On commence donc à observer tous les champignons et on se rend compte qu'ils sont souvent difficiles à identifier, mais on commence à s'acharner. C'est le début d'une autre maladie, la MYCOphilie. Le MYCOphile est déjà nettement plus sympathique. C'est celui qui s'intéresse à tous les champignons quels qu'ils soient. Il connaît pas mal de choses sur le sujet, il s'amuse à essayer de déterminer tout ce qu'il trouve et s'en sort souvent assez bien. Ses sorties au bois sont dans le but de trouver de nouvelles espèces, découvrir des choses qu'il n'a jamais vues et de tenter de les identifier. Bien sûr, lorsqu'il trouve une station de cèpes, il en prendra pour sa poêlée du soir. S'il y en a beaucoup, il en prendra un peu plus et les conservera pour les saisons sans champignons. Il en donnera parfois à ses amis pour leur faire plaisir. Ses cueillettes sont pratiquées dans le plus grand respect des biotopes : il laisse sur place les tout jeunes exemplaires et les vieux qui n'ont plus rien d'appétissant.
Ensuite, nous avons le MYCOlogue. Ca devient vraiment très sérieux ici. Souvent, c'est quelqu'un qui a étudié les champignons à l'université pour en faire son métier. Finalement, c'est sans doute un de ceux qui mangent le moins de champignons, trop occupés à les regarder à la loupe au au microscope ou encore à voir s'ils deviennent bleu ou verts quand on leur colle un réactif chimique quelconque. Ils prennent beaucoup de notes. Et en hiver, quand il n'y a rien se mettre sous le microscope ils écrivent parfois des bouquins, très techniques ou plus à la portée de Monsieur Toulemonde, c'est selon leur idée. Ils découvrent parfois de nouvelles espèces qu'on n'a jamais vu dans les bouquins. Ils se chamaillent entre eux à propos d'un tout petit détail qui ferait toute la différence entre deux espèces. Mais leur boulot est formidable. Heureusement qu'ils existent sinon, je n'aurais pas de bouquins sérieux sur les champignons et je resterais dans l'ignorance la plus totale sur le sujet.
Enfin, une étape plus loin encore, on a le MYCO-toxicologue. C'est aussi un grand scientifique qui étudie les mêmes champignons que les MYCOlogues, mais il va plus loin encore. Il veut savoir quelles sont les différentes substances selon les espèces de champignons. Il cherche des explications aux empoisonnements, comment fonctionnent les intoxications, comment se manifestent les symptômes. Et il découvre aussi de nouvelles choses. Des toxines inconnues jusqu'à présent, des espèces dont il faut se méfier car elles renferment des toxines potentiellement dangereuses alors que l'espèce est réputée comestible... Mais il ne s'arrête pas là. Une fois qu'il a découvert les substances qui provoquent les empoisonnements, il cherche le moyen de les soigner (il y a encore beaucoup de boulot à faire dans ce domaine, et je vous invite à ne pas prendre des risques en mangeant n'importe quoi).
Et pour terminer, je me rends compte que j'ai oublié de parler d'un dernier personnage : le MYCO-gastronome. Personnage très sympathique, il cherchera les meilleures méthodes culinaires pour savourer les champignons réputés comestibles et se montre souvent très audacieux. S'il ne cherche pas trop à garder ses secrets pour lui, peut-être écrit-il un livre de recettes en confiant ses meilleures astuces.
A vous maintenant de trouver à quelle catégorie de personnage vous appartenez ;)