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Les champignons de Canaille
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26 septembre 2008

L'art de cueillir les champignons

Hpim2284Bis

Vlan ! Je vous attaque d'emblée avec une photo, sans la moindre explication.  Vous vous demandez où je veus en venir, n'est-ce pas ?  Et en comparant le titre de mon billet et ma photo, j'imagine déjà vos visages scotchés sur l'écran, en forme de point d'interrogation.

J'avoue : je n'ai pas la photo adéquate, seule celle-ci est un peu représentative du thème que je souhaite aborder, mais on va d'abord se placer dans le bon contexte (si-si, vous allez y arriver).

Ici, ce n'est qu'un petit troupeau d'amanite tue-mouches qui ont perdu leurs squames (les points blancs qu'on voit habituellement) à cause de la pluie.  Là, c'est une photo d'une petite quantité du troupeau; en réalité il y en avait partout alentour. (vous arrivez à "zoomer" pour voir tous ceux qui entourent cet extrait ?

Très bien !  Maintenant, on disait que ce ne sont pas des amanites tue-mouches (toxiques, je le rappelle au cas ou..., enfin, bref, je ne vous les recommade pas), mais supposons un instant que ce merveilleux tableau soit des cèpes ou des girolles ou votre champignon préféré.  Waouw, génial de tomber sur la gigantesque station de délicieux champignons !

Moi, je vous vois déjà dégainant votre couteau et raflant tout ce qui pousse.  Et moi je vous crie "STOP" !  On ne cueille pas les champignons n'importe comment.

Si vous cueillez tous les champignons qui poussent, comment les champignons qui doivent théoriquement pousser l'année prochaine viendront-ils ?  Hé oui, fallait y penser ! Les champignons sont des êtres vivants et donc ils se reproduisent.  Si on les cueille tous, on court le risque qu'ils n'aient pas eu le temps de répandre leur semence pour assurer leur progéniture de l'année suivante.

En ce qui me concerne, je tempère donc mon enthousiasme avant de procéder à une cueillette importante.  Ma règle est donc la suivane : les vieux canassons, je les laisse sur place afin qu'ils puissent terminer de vieux jours paisibles.  Que ferais-d'ailleurs de ces vieux exemplaire.  Leur look un peu dépassé ne me met pas trop en appétit.  Quand bien même ils seraient physiquement bien conservés, il y a de fortes chances qu'ils finissent à la poubelle car ils sont truffés de vers.  Ensuite, les tous petits exemplaires (les "bébés"), j'estime qu'ils ont encore besoin de grandir un peu avant de se faire massacrer (non, je ne les engraisse pas comme les cochons) et je préfère aussi les laisser.

Ainsi les vieux exemplaires peuvent assurer la continuité de l'espèce sur la station et les jeunes, il n'y a qu'à souhaiter qu'ils ne soient pas repérés par l'un ou l'autre casseroleur peu scrupuleux et qu'il ait l'occasion d'arriver à maturité et à son tour se reproduire.

Imaginons à présent que tous les champignons sans exception soient comestibles pour l'homme et que l'homme soit justement très avide de cette nourriture au point qu'il traque les poussées de champignons.  Dans ce scénario, un champignon n'a pas le temps de pointer le bout de son chapeau qu'il est déjà scalpé par le plus grand prédateur du monde.  Zou ! Pas le temps de se reproduire, à l'état d'embryon il se fait assassiner sauvagement par notre voracité sans limite.  Et c'en est fini du monde des champignons, par notre faute, notre égoïsme, notre inconscience, notre manque de respect de la vie.

Ben oui, on doit se replacer dans une époque très reculée : la préhistoire.  Une époque où les premiers hommes étaient intellectuellement proches des animaux et ne se servaient que de ce dont ils avaient un besoin immédiat pour assurer leur subsistance.  Ils avaient besoin de 2 kg de champignons pour accompagner la cuisse de mammouth prévue pour le repas du soir de la tribu ?  Ils n'en ramassaient pas plus.  Et il en restait des tas pour le lendemain ou la semaine suivante, jusqu'au premières gelées où ils durent se rabattre sur d'autres denrées.

Et si notre homme des cavernes avait été comme nous, à cueillir outrageusement tous les champignons qu'il rencontre ?  Vous me direz tout simplement : les champignons n'existeraient pas à notre époque, ils seraient comme les dinosaures, des trucs imaginaires dont on s'en fiche un peu, hormis tout ce que notre imagination peut construire autour, ou ce que les recherches historiques nous en apprendraient. Un machin embêtant de plus à devoir potasser pour obtenir le bac, mais qu'on se demande à quoi ça va nous servir dans le futur.

Et c'est là qu'on fait erreur : que serions-nous si les champignons avaient disparu de la surface de la terre à la préhistoire, ou pire, s'ils n'avaient jamais existé ?  En gros, je vous demande quel rôle ils jouent sur notre planète.  Hé bien, mes chers amis, si les champignons n'existaient pas, nous marcherions à l'heure actuelle sur une couche épaisse (je n'ose pas dire le nombre approximatif de dizaines de mètres) de déchets organiques en tous genres, vestiges des morts humaines, animales et végétales passées depuis des temps innombrables.  Sympa, hein ?  C'est quoi ce truc qui croustille sous mes godasse ?  Ha, je viens décraser une mâchoire d'un gars qui a vécu au Moyen-Age !

Morbide comme tableau, je le conçois, mais nous arrivons à la conclusion que les champignons ont un rôle.  Ils détruisent les déchets (et à l'heure où l'homme est un grand producteur de déchet, leur utilité est donc plus que nécessaire pour éliminer notre mauvaise gestion du patrimoine).

Evidemment, tous les champignons ne se nourissent pas de cette manière (d'où viennent les mycoses que nous pourrions contracter si les champignons ne s'attaquent qu'aux matières mortes ?).  J'ai abordé un aspect extrêmement simpliste du mode de vie des champignons.  Il y a d'autres cas de figure à envisager.  Je vous livre tous ces secrets prochainement.  Mais retenons pour l'instant que les champignons nous sont utiles autrement que sur le plan gastronomique et que leur destruction est un geste irréfléchi.

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Commentaires
M
Bonjour Canaille et tous les lecteurs!<br /> Article intéressant, mais un rien alarmiste à notre avis. Pour la cueillette, deux écoles s'affrontent: les coupeurs et les cueilleurs.Ils ont chacuns des arguments, pour notre part, nous sommes dans le camp des cueilleurs (pas arracheur!),l'art de cueillir un cèpe avec de lents mouvements rotatifs et amoureux...soigneusement refermer le trou... Pour la question de reproduction, il faut savoir qu'au moment ou le champignon s'est développé,la plus grande partie de sa sporée s'est déjà échappée. Les vieux sujets sont à laisser sur place, bien entendu, ainsi que les trop jeunes(pour l'identification également)mais le problème majeur réside certainement dans le transport. Bon nombre de personnes s'obstinent à utiliser des sacs en plastique enfermant la sporée et plongeant les champignons dans une atmosphère idéale de fermentation avec tout les risques d'intoxications liés à ce conditionnement. Le panier en osier,véritable arrosoir à sporée n'est-il pas obligatoire en Italie? Pour terminer, notre expérience d'une dizaine d'années sur les mêmes places nous conforte dans notre système de cueillette, car les poussées sont régulièrement de retour, c'est plutôt les conditions météo qui génèrent des différences d'année en année. Pour preuve, l'année dernière, il y avait une très grande quantité d'amanites phalloïdes que personne n'a ramassé et cette année, seulement quelques exemplaires ont poussé. Scénario identique pour bien d'autres espèces. Nous sommes bien d'accord sur la nécéssité de laisser intacte les champignons non collectés et de récolter sans râteau ou autre instrument de torture, la nature souffre déjà bien suffisamment des interventions humaines. Voilà pour notre avis qui bien entendu, ne repose que sur nos expériences et ne prétend certainement pas être une certitude absolue, le monde merveilleux des champignons garde heureusement encore pas mal de secrets, pour notre plus grand plaisir. Merci Canaille pour tes articles et à bientôt.
L
Super intéressant ton explication.<br /> Tu m'en avais parlé lors de notre rencontre en Alsace, mais cela m'a permis de me rafaichir la mémoire !
Les champignons de Canaille
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